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Présidentielle/Législatives 2020 : équations multiples pour des élections couplées

Le 22 novembre prochain, les Burkinabè sont attendus dans les urnes pour élire le Président du Faso et les députés. Mais très certainement, nous devrions assister à des consultations électorales bien particulières. Et pour cause, à cause du terrorisme, certaines parties de notre territoire se sont vidées de leurs populations et leur accessibilité est devenue du coup problématique voire impossible. Dans quelle mesure pourrons tenir ces élections qui sont essentielles pour la stabilité de notre pays ?

La question est pour le moment abordée par les partis politiques sous la forme de « slogans ». Que ce soit du côté du pouvoir ou de l’opposition, les élections doivent se tenir et l’on utilise un ton ferme pour que l’opinion ne doute point de sa détermination au maintien de cet agenda. Certains spécialistes évoquent la situation au Mali voisin qui a organisé des élections générales avec un territoire comme Kidal complètement occupé par des groupes armés. On n’oublie de souligner que ces groupes armés ont « bourré les urnes » et donné les résultats au gouvernement malien. Comment ne pas aussi se souvenir que cela fait un mois que le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé a été enlevé dans le Nord du Mali alors qu’il était en campagne pour les législatives.

Au Burkina, aucun groupe armé n’a planté son drapeau sur une localité précise mais les populations abandonnent leurs terres  à cause des attaques répétées. Du fait des multiples fronts ouverts (le Nord, le Centre-Nord, l’Est), les forces de défense et de sécurité font ce qu’ils peuvent mais ne peuvent empêcher les mouvements de déplacés dont le nombre est estimé à plus de 800.000 personnes.

Il est vrai également que la CENI a déjà élaboré des scénarios pour la gestion des suffrages des déplacées et l’on attend vraisemblablement que la classe politique puisse trouver un consensus à ce sujet.

Mais la grande question demeure. D’ici novembre prochain, l’armée burkinabè, qui monte certes en puissance, pourra-t-elle garantir le retour de la quiétude dans les zones difficiles pour permettre le bon déroulement de la campagne électorale et des élections couplées? Autrement dit, à Kantchari, à Djibo et à Tougouri, des meetings pourraient-ils se tenir sans attaques contre des convois ? Il faut savoir déjà que l’opération d’enrôlement des électeurs n’a pas pu tenir dans certaines provinces.

En conséquence, c’est maintenant que la réflexion prospective doit se mener. Pour l’élection du Président du Faso, il n’y a pas à priori de débats. Mais pour celle des députés, de nombreuses problématiques doivent être soulignées. La situation est telle plusieurs provinces sont concernées et le nombre de sièges en jeu est significatif. Au sahel, il y a 8 députés, au Centre-Nord, 6 députés, dans la province du Lorum, deux députés et dans la région de l’Est, 10 députés ; ce qui donne au total 26 députés sur 127, sans oublier la l’équation de la liste nationale. Quelle sera la légitimité des députés qui seront élus dans les zones inaccessibles (où ils n’ont pas pu mettre les pieds pendant la campagne) ? Qui choisir pour représenter les populations des provinces où l’élection n’a pu se tenir à cause de l’insécurité ? Quelle alternative la Constitution et le Code électoral du Burkina Faso nous offrent pour nous tirer de ces équations ?

Malheureusement, du fait de la déconnexion entre la CENI et la classe politique (les concertations ne sont pas permanentes), nous risquons de nous retrouver à la veille des élections avec de grosses questions sans réponse.

Il est grand temps que l’avenir de notre temps fasse partie de nos préoccupations maintenant en lieu et place des discussions stériles et des stratégies électorales élaborées dans des laboratoires obscurs qui ne tiennent pas compte des réalités sur le terrain. Sinon, il faut craindre que les hommes politiques ne fassent encore des deals sur le dos du peuple.

Bruno Tarpaga

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