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Prix des hydrocarbures Ne faites pas de la politique avec l’économie !

Le gouvernement burkinabè a procédé au réajustement des prix des hydrocarbures le jeudi 8 novembre 2018. La décision qui a été annoncée en conseil des ministres fixe désormais le super à 677 FCFA et le gazoil à 601 FCFA soit une hausse de 75 FCFA sur le litre. Il est vrai que toute augmentation est comme une pilule amère à avaler et de ce fait ne peut réjouir les consommateurs, obligés de casser la tirelire en ces temps de vaches maigres consécutifs à la rentrée scolaire ou colère, comme certains l’appellent.

Une décision prévisible

Pour les professionnels du secteur et ceux qui suivent l’actualité attentivement, cette décision du gouvernement était prévisible. Certains même diront que l’Etat n’a pas su s’assumer en temps opportun et c’est presqu’avec le couteau sur la gorge qu’il procède au réajustement des prix. En effet, en deux ans, entre mai 2016 et mai 2018, le cours du baril de pétrole a augmenté de 66%. Pendant ce temps, le gouvernement a tergiversé : évidemment avec les grèves perlées de l’année 2017, la décision s’avérait difficile. C’est donc consciemment que le gouvernement a reporté la bagarre de la hausse des prix pour attendre une période plus calme. Mais les choses se sont empirées surtout avec le spectre de l’asphyxie de la SONABHY qui subit des pertes de plus 200 milliards à cause des subventions sur le carburant et le gaz.

Tenez ! la hausse des prix des hydrocarbures au Burkina intervient dans un contexte où le cours du baril est en baisse et l’on craint même un effondrement des cours comme en 2014. Et c’est pour enrayer cette situation que Le ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh a annoncé le dimanche 11 novembre 2018 que son pays allait réduire ses exportations de pétrole de 500.000 barils /jour. Une situation qui n’est pas pour nous arranger…

A l’économie ses règles, à la politique, les politicailleries

 

Si nous avons convoqué l’actualité du pétrole, c’est pour d’abord affirmer qu’un pays comme le notre subit et continuera de subir la loi du marché en matière de fixation des prix des hydrocarbures. Il ne faut point se leurrer : les gouvernements qui veulent faire de la démagogie avec le cours du pétrole, vont se casser la pipe. Le 17 novembre prochain, le gouvernement doit affronter une grande manifestation organisée pour protester contre l’augmentation des prix…

Ensuite, quand on écoute certains pseudos spécialistes ou certains opposants, le gouvernement devrait en tirer la grande part des 75 FCFA d’augmentation. Quand il perdait pendant des mois du fait de son louvoiement, qui l’aidait à supporter ? Mieux, celui qui regarde attentivement la structure des prix peut raisonnablement dire que l’Etat n’en fait pas trop. Et de toutes façons, comment pensez vous qu’il puisse investir dans la construction des dépôts, faire respecter la règlementation dans le secteur ou plus généralement construire des CSPS, payer les salaires etc ? Sur ce point, je termine en disant que n’importe quel politicien de l’opposition ferait la même chose. Ce n’est pas une affaire de MPP, UPC, CDP ! C’est une affaire économique avec ses règles précises et ses dynamiques propres.

 

« Tresser le courage »…

 

Pour emprunter au thème des Récreatrales 2018, « tresser le courage », le gouvernement doit « quitter » dans les calculs à la milite sentimentalistes et appliquer la réalité économique dans la fixation des prix des hydrocarbures. Il faut appliquer le nouveau mécanisme qui permet de réajuster les prix en fonction du cours du baril. Dans l’opinion, de nombreux burkinabè ne font pas confiance à l’Etat par ce qu’il estime qu’il avait profité pendant des mois de la baisse des cours. C’est pourquoi, j’affirme avec force qu’il ne faut pas faire de la politique avec l’économie. Il est temps que les Burkinabè reconnaissent les efforts de la subvention (14 milliards pendant mois) et prennent conscience que n’étant pas producteur de pétrole, le Burkina Faso ne peut se plier. Mais l’Etat doit faire des efforts pour réguler davantage le marché et contrôler la consommation du gaz butane dont la subvention profite à des circuits extérieurs au pays. Il doit surtout trouver un mécanisme pérenne pour contenir l’inflation des prix. Il faut certainement trouver des parades avec le monde économique pour leur accepter une révision régulière des prix des hydrocarbures avec un système qui pourrait tenir avec des compensations périodiques. Si depuis 2016, la vérité des prix était pratiquée, on n’allait connaitre une hausse de 75 FCFA et la crainte de l’inflation des prix n’allait pas être dans tous les esprits. Mais en la matière, au-delà du dialogue que le gouvernement va entreprendre avec les différents maillons de la chaîne impactés par la hausse des prix des hydrocarbures, il y a la dimension patriotique. Combien d’opérateurs économiques sauront accompagner le gouvernement (sans se ruiner bien sûr) parce qu’ils croient en ce pays ?

Bruno Tarpaga

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