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Homosexualité: Confessions d’un jeune Burkinabè contraint à l’exil

C’est un sujet aussi permanent que délicat. L’homosexualité, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, peine à sortir des questions tabous. Si les communautés religieuses et coutumières se sont prononcées ouvertement contre cette orientation sexuelle, l’Etat pour sa part garde un silence qui peut-être interprété de plusieurs façons. Si le Burkina Faso n’a pas interdit dans la loi les pratiques homosexuelles, les pesanteurs sociales ont fait le reste. En attendant, les homosexuels vivent des drames et certains sont obligés de s’exiler pour sauver leur peau. C’est le cas de deux jeunes Burkinabè qui nous ont raconté leur histoire…

Octobre 2013. Des jeunes burkinabè manifestent dans la capitale burkinabè contre un projet de la municipalité, (dirigée à l’époque par Marin Casimir Ilboudo) de soutenir des actions de prévention du sida  au sein des groupes spécifiques tels les prostitués, les drogués et les homosexuels. Le projet a été interprété comme une volonté masquée des autorités burkinabè d’entamer une marche sournoise du Burkina Faso vers la légalisation de l’homosexualité. Le bourgmestre de la capitale était obligé de réfuter cette déduction, mais le projet a fait long feu. On ne sait pas exactement ce qui s’est passé mais on peut aisément imaginer que des pressions sociales ont le reste du boulot. C’est dire que la société burkinabè  encore marquée par les valeurs traditionnelles, rejette cette pratique.

Il y a également le poids des religions musulmane et chrétienne qui, sur la base des saintes écritures, rejettent l’homosexualité. Et les représentants l’ont fait savoir. Ainsi, le samedi 12 septembre 2015, sur la place de la grande mosquée de Dioulassoba à Bobo-Dioulasso,  la coordination des associations islamiques de l’Ouest a organisé une rencontre dont l’objectif était de dénoncer l’homosexualité qui sévit au Burkina et de demander au Conseil national de la transition (CNT) d’adopter un projet de loi interdisant cette pratique au pays des Hommes intègres. Etaient présents à la rencontre des représentants de l’Eglise catholique et de l’Eglise protestante.

C’est justement dans ce contexte que le jeune Burkinabè dont nous avons recueilli l’histoire, s’inscrit. Ali Dabré a connu une relation de couple pendant un an avec son compagnon Salifou Ouédraogo. En août 2016, patatras ! Son homosexualité est découverte par sa famille qui est musulmane. Son père qui est de surcroit un iman, ne peut supporter cette « honte ». De tribulations en tribulations, Ali arrive à la conclusion que seul l’exil peut lui permettre de sauver sa vie et de continuer à assumer « sa maladie » (puisque c’est l’opinion la plus répandue sur la pratique). Il arrive à s’exfiltrer en Côte d’Ivoire et arrive en France. Et son compagnon lui aussi a été contraint à l’exil. Depuis, il a refait sa vie non sans peine dans un pays ou l’homosexualité est acceptée.

Le silence de l’Etat sur la question

En 2015, le député Tahirou Barry, à l’époque président du Parti pour la renaissance (PAREN), a déposé quatre propositions de loi au Conseil national de la Transition (CNT) dans le but d’interdire l’homosexualité au Burkina Faso. Cette initiative n’a pas prospéré et jusqu’à présent, l’Etat n’a pas légiféré comme certains pays africains contre les pratiques homosexuelles. Mais en même temps, la tradition du mariage reste en l’état au niveau du Code des personnes et de la famille, c'est-à-dire une union entre un homme et une femme. Voilà ce qui est clair pour ce qui est de l’ouverture vers le mariage gay au Burkina. Une position bien délicate puisque pénaliser l’homosexualité, le gouvernement laisse la société et les religions régler le problème.

Il faut ajouter que le sujet est tellement tabou qu’il n’est pas évoqué publiquement par les associations de défense des droits de l’homme.

Alors à quand un débat public sur l’homosexualité au Burkina ? Pour l’instant, personne ne peut donner des statistiques fiables sur la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).

Thierry M. 

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