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TRIBUNE - Roch Marc Christian Kaboré appelle à « l'amplification des financements dédiés à la santé de la mère et de l'enfant dans la région du Sahel »

Nous publions pour nos lecteurs une tribune du Président du Faso parue chez notre confrère français, les Echos.fr et qui porte sur la santé de la mère et de l'enfant.

Ces 25 dernières années ont vu l'accomplissement de progrès significatifs dans le domaine de la santé et la nutrition à l'échelle mondiale. L'analyse de ces progrès révèle qu'une telle performance découle d'un financement intelligent, combiné à une approche systémique, holistique et multisectorielle qui prend en compte les déterminants sociaux de la santé et de la nutrition.

Dans la région du Sahel, bien que des progrès aient été accomplis, force est de constater que ceux-ci restent timides et en deçà des attentes. A l'analyse, des facteurs tels que l'insuffisance et la fragmentation des financements, les problèmes de sécurité, les déplacements de population et la faiblesse de la couverture en infrastructures de base, ont contribué à limiter fortement l'accès des populations du Sahel aux services de santé et de nutrition de base.

Les femmes qui se marient après l'âge de 18 ans ont des revenus supérieurs de 9 % à celles qui sont mariées précocement

Près de 40 % des enfants vivant au Sahel souffrent d'un retard de croissance lié entre autres à des carences alimentaires, des maladies infectieuses, aux problèmes d'assainissement et d'accès à l'eau potable. L'impact de ce phénomène est dévastateur pour les millions d'enfants touchés aujourd'hui, mais aussi pour la productivité et le développement du capital humain dans la région.

La santé de la reproduction demeure une préoccupation pour nos pays. Les taux élevés de fécondité des adolescentes - et la persistance des mariages précoces de jeunes filles dans l'ensemble du Sahel ont des conséquences dramatiques allant d'échecs scolaires, d'avortements clandestins à une mortalité maternelle élevée.

Les évidences scientifiques relèvent que les femmes qui se marient après l'âge de 18 ans ont des revenus supérieurs de 9 % à celles qui sont mariées précocement. La scolarisation des jeunes filles, leur maintien a l'école et l'autonomisation des femmes sont donc un impératif si nous voulons maîtriser la croissance de la population et capturer le dividende démographique.

Mobiliser 2 milliards de dollars

Il est donc impérieux, d'amplifier les financements dédiés à la santé de la mère et de l'enfant, mais aussi et surtout, de mettre en oeuvre des mécanismes d'achats stratégiques des services et soins de santé et de nutrition en faveur de ces populations vulnérables. Ce financement nouveau, qui assure la cohérence, l'efficacité et l'efficience des interventions et prend en compte la collaboration intersectorielle nous permettra assurément de tendre vers la couverture sanitaire universelle.

Nous devons agir ensemble pour accélérer la marche du progrès. C'est pourquoi le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad ont formé  le G5 Sahel en 2014. Cette coalition bénéficie aujourd'hui des soutiens de l'Union européenne, ainsi que de l'appui d'institutions telles que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le Programme des Nations unies pour le développement. À notre plus grande satisfaction, ces acteurs mettent en commun des ressources, des expertises et leurs engagements pour le développement et la sécurité de la région.

Partenaire de premier plan des pays du G5 Sahel,  la France joue un rôle déterminant dans la lutte contre le terrorisme et dans la mise en oeuvre des projets d'intégration socio-économiques entre nos pays. C'est pourquoi, j'en appelle à l'établissement d'un partenariat stratégique entre la France et le Mécanisme de financement mondial (GFF) pour la réussite de la conférence sur le refinancement de mécanisme.

Au Burkina Faso, nous avons convenu avec le GFF, et ce conformément au principe d'alignement de la déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement, d'utiliser comme plate-forme de collaboration, le cadre sectoriel de dialogue santé, qui est l'instrument de suivi et d'évaluation de la mise en oeuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES) dans ledit secteur. Cette plate-forme inclusive associe plusieurs départements ministériels, les partenaires techniques et financiers, les partenaires sociaux, la société civile, le secteur privé.

Pour toucher les 50 pays confrontés aux besoins les plus urgents, le GFF doit mobiliser 2 milliards de dollars sur la période 2018-2023. C'est pourquoi le 6 novembre, avec la Norvège, le groupe de la Banque mondiale et la fondation Bill et Melinda Gates, nous demandons aux partenaires de s'unir pour saisir cette occasion de changer le cours du financement des Objectifs de développement durable (ODD) et d'améliorer la vie de millions de femmes, des enfants et des adolescents à travers le monde. Vive la coopération au développement pour qu'aucune femme, aucun enfant, aucun adolescent ne soit laissé pour compte !

Roch Marc Christian Kaboré, Président du Faso

 

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