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Burkina-Taiwan : Clap de fin douloureuse d’un film d’amour de 36 ans !

Exit Taiwan, welcome Pékin ! Une seule phrase peut résumer le séisme diplomatique et politique qui a cours sur l’axe Ouaga-Taipei. Mais que d’émotions et de questions pour le moment sans réponse ! C’est presque à la surprise générale des diplomates taïwanais présents à Ouagadougou que l’épouse préférée de leur pays, a annoncé son divorce. Pour mémoire, la République de Chine-Taiwan avait seulement deux pays dans son escarcelle, le Burkina Faso et le Swaziland (un million d’habitants). Autant dire que le pays des hommes intègres était la seule nation représentative dans leur giron puisque par ailleurs  dans les autres continents, ce sont de minuscules îles qui reconnaissaient Taiwan. Et c’est une relation vieille de 36 ans au total qui vient de prendre fin  définitivement.

 En effet, la république de Chine-Taiwan était en relation avec le Burkina entre 1961 et 1973 puis depuis 1994. Le mariage avec Pékin lui aura duré 21 ans et il a connu sa plus belle époque avec le Burkina Faso communisant du capitaine Thomas Sankara. Au-delà de la durée des noces, il faut comptabiliser les investissements taïwanais pour se faire une idée  de leur amertume. La campagne de communication que l’ambassade taïwanaise au Burkina a initiée a démontré à souhait les fruits de cette belle coopération dans de nombreux domaines socio-économiques.

Tout cela n’a pas pesé dans la balance et c’est dans le plus grand secret que le Burkina a négocié la reprise des relations diplomatiques avec la République  de Chine populaire. Même si des rumeurs circulaient sur la rupture avec Taiwan, peu de personnes avisées pouvaient prévoir une issue rapide. Selon certaines informations, les subventions annuelles de plusieurs projets avaient été débloquées par Taiwan, ce qui laissait supposer que la rupture n’avait été envisagée aussi vite. Tout au plus, il y avait des « bruits » dans la communication entre les deux pays puisque la visite de la présidente taïwanaise a été annulée cette année sans apparemment des raisons évidentes selon des sources bien informée.

Quoi de plus normal que la descente des couleurs à l’ambassade de Taiwan à Ouaga ait été douloureuse pour plusieurs diplomates ! Mais comme de nombreux spécialistes l’ont relevé, il n’y a point de sentiment dans les  relations entre Etats. En cela, l’on peut dire que le président Roch Marc Christian Kaboré a pris une décision courageuse.

Les Projets régionaux nous ont-ils rattrapés ?

Le gouvernement burkinabè vient de s’assumer sur la scène internationale puisque le processus de retour vers la Chine populaire était irréversible. Même Taipei le savait bien : les autorités de ce pays  n’ont pas manqué l’occasion pour fustiger les pressions et les promesses financières de Pékin envers les pays africains. Mais qu’est-ce qui a finalement décidé le Burkina ?

Notre analyse est que le pays des hommes intègres a dû subir une douce pression de ses voisins (tous amis de Pékin) avec qui il veut réaliser les projets sous-régionaux d’envergure tels que le chemin de fer et l’autoroute Abidjan-Ouaga, les projets d’interconnexion électrique. On entrevoit ces raisons d’ailleurs dans le communiqué officiel rendant public le divorce avec Taiwan : « Cette décision est guidée par la ferme volonté du Gouvernement de défendre les intérêts du Burkina Faso et de son peuple dans le concert des nations et de nouer le meilleur partenariat afin de consolider le développement socio-économique de notre pays et de faciliter les projets régionaux et sous régionaux ». Mieux, le régime entame actuellement la dernière phase critique du mandat : la réélection de Roch en 2020 nécessitera en conséquence le parachèvement des grands projets dans le domaine de l’énergie, de la santé de l’habitat, de l’hydraulique etc. Et qui mieux que la Chine comme un allié stratégique ? Enfin, les hommes d’affaire burkinabè avaient déjà choisi Pékin et la nouvelle donne ne fera que renforcer leur choix même s’il ne faut pas exclure de garder des relations commerciales avec Taiwan.

De toute façon, tout dépendra de la stratégie du Burkina face au géant chinois connu pour ne pas être un enfant de chœur puisqu’il titille aujourd’hui les Etats-Unis. C’est au président Roch Marc Kaboré de définir les priorités dans les projets à financer. Mais nous devons absolument nous inspirer de l’expérience des autres pays qui entretiennent des relations de coopération avec Pékin. C’est un petit avantage d’être le dernier arrivé dans le giron sino-africain.

Bruno Tarpaga

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